Notre appel à entrer en Résistance Climatique

Je ne crois pas que le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité soient des fatalités. Nous les avons créés. Nous pouvons y mettre fin. En modifiant radicalement nos modes de vie et de fonctionnement, nous pouvons inverser la tendance. Nous pouvons construire des sociétés prospères et heureuses en consommant dix fois moins d’énergie et ainsi « sauver » le climat et la biodiversité.
Force est de constater que ce n’est pas la trajectoire actuelle. Si cette bataille semble perdue, c’est qu’elle n’a jamais été tentée. Nous contemplons la dégradation rapide de la situation, comme si nous étions impuissants.
Nous avions l’excuse d’attendre que les politiques gèrent le problème. Encore récemment, les États ont pris des engagements lors de l’accord de Paris sur le Climat. Nous voyons que ces engagements ne sont pas tenus, alors même qu’ils étaient insuffisants pour maintenir le réchauffement en deçà de 2°C. En ce domaine, les discours et les actes semblent « déconnectés ».
L’inaction des gouvernements est révoltante et criminelle. Elle est un triste reflet de la passivité des peuples. L’urgence, néanmoins, est plus tranchante que jamais auparavant. Effondrement des populations d’insectes et d’oiseaux, incendies catastrophiques en Californie, en Grèce, sécheresse en Europe et en Australie après des cyclones d’une violence inégalée à Saint Martin, tout cela sur fond de « crise migratoire ». « Nous assistons à la gestation d’une tragédie bien annoncée dans une forme d’indifférence. La planète est en train de devenir une étuve, nos ressources naturelles s’épuisent, la biodiversité fond comme neige au soleil.» Tout cela correspond précisément aux prévisions des décennies passées. Je suis néanmoins abasourdi : c’est en train d’arriver ! La crise écologique et le réchauffement climatique sont en cours. Et dire que les difficultés connues cette année sont d’infimes prémisses des catastrophes incroyablement plus dévastatrices qui se préparent si nous ne changeons rien !
C’est l’heure des choix.
Cette crise est un tournant pour la civilisation. Si nous prolongeons la dégradation actuelle des conditions de vie sur Terre, tous les pays seront touchés par des pénuries, des épidémies, des violences. La paix et l’humanisme, fragiles et précieux, seront les premières victimes du réchauffement climatique. Le risque est de voir nos sociétés basculer dans la barbarie de la guerre et de ses horreurs. Si nous continuons vers +5°C, différents experts annoncent des nombres de morts en milliards.
Tout ceci peut être évité, doit être évité.
L’inaction est aujourd’hui folle ou criminelle.
Face à l’aberration, il me reste ma liberté.
Le monde devient absurde et suicidaire. Je choisis de ne pas suivre, je veux créer une vie qui permette la vie.
Il est temps que des citoyens ouvrent la voie. Montrons, par nos actes, que la paix nous importe plus que le pouvoir d’achat, que la biodiversité a plus de valeur qu’une nouvelle technologie, que sauver le climat mérite qu’on se passe d’une semaine de vacances sous les tropiques.
Refusons d’être « complices de la tragédie qui est en cours de gestation ».
Entrons en résistance climatique.
Je décide de transformer ma vie en profondeur pour créer la possibilité d’un futur heureux pour les humains sur Terre.

Dans les 2 à 5 ans qui viennent, je m’engage à

  • Ne plus prendre l’avion et rouler moins de 2 000km/an en voiture
  • Me nourrir d’aliments 100 % bio, locaux, de saison, en mangeant de la viande 1 à 2 fois par mois au plus
  • Ne plus acheter d’appareils électroniques neufs (ordinateurs, écrans, smartphones…)
  • Demander à l’État et aux entreprises de tenir l’engagement de la France en divisant par 4 nos émissions de gaz à effet de serre

Ces 4 mesures ont été choisies pour leur efficacité. Elles vont me permettre de diviser mon bilan carbone par un facteur 2 à 10. Il n’y a là rien d’exhaustif, bien d’autres actions seront menées.
Depuis longtemps, la France s’est engagée à diviser ses émissions de gaz à effet de serre par 4 avant 2050. C’est le fameux « Facteur 4 ». Est-ce « extrémiste » de proposer de tenir nos promesses ? Pour y arriver, il faut que chaque citoyen, chaque service de l’état, chaque entreprise divise ses émissions de gaz à effet de serre par 4. C’est un minimum pour sauver ce qui peut l’être et construire un futur viable (voir les éléments chiffrés de M. Jancovici ). Ne pas tenir cet engagement mène au désastre. Néanmoins, bien peu sont prêts à se lancer. Nombreux sont celles et ceux qui justifient leurs vieilles habitudes par l’inaction des autres. Nous pouvons briser ce cercle vicieux de l’apathie. Changeons nos vies ! Divisons par 4 nos émissions personnelles. Nous sommes ceux qui commencent.
Aujourd’hui, j’entre en résistance climatique, pour la vie et pour la paix.
Je m’y engage, solennellement et devant témoin. Ce choix est dicté par la morale, l’honneur et l’espoir en l’humanité et la vie. « C’est une décision d’honnêteté et de responsabilité ».

 

Aucun mouvement de résistance ne s’est lancé en étant certain de vaincre. Entrer en résistance, c’est se mettre en danger, dédier sa vie à une cause qui paraissait perdue d’avance. On ne s’engage pas parce qu’on est sûr de gagner. On s’engage parce que c’est la seule option moralement acceptable.

Entrer en résistance climatique, c’est s’engager dans un combat à l’intérieur de soi. C’est un nouveau type de résistance, sans violence. C’est une transformation personnelle pour vaincre nos habitudes : notre besoin irrépressible de la voiture, de consommer plus, de voyager vite, d’acheter pas cher…. C’est plus difficile et plus important que de prendre les armes.
« Soyons le changement que nous voulons voir dans le monde. »

Conjuguons action individuelle et action collective sans les opposer. Nous connaissons le caractère destructeur de l’économie productiviste. Nous pouvons lui ôter son carburant : notre consommation. Cette stratégie de la cohérence individuelle a une puissance immense et mérite d’être tentée. Elle est complémentaire de bien d’autres mouvements citoyens.

Entrer en résistance climatique, c’est l’occasion de vivre mieux : dépenser moins, être plus libre, acteur plutôt que consommateur, enthousiaste plutôt que vaguement coupable… C’est bâtir un monde qui s’accorde à nos valeurs et nos aspirations.

Cela nous permettra de :
– limiter la gravité des catastrophes climatiques à venir
– transformer le débat en mettant en évidence les ordres de grandeur des changements nécessaires, dans le but de discuter et d’adopter des solutions efficaces à large échelle
– améliorer nos vies en les prenant en main et en les mettant en cohérence avec nos convictions
– créer un réseau de résilience des territoires face aux crises à venir.
– renforcer les actions collectives en créant un mouvement de « Climactivistes »

L’ayant fait, nous aurons une légitimité renforcée pour réclamer aux États et aux entreprises de faire de même. Actuellement, notre situation est proche de « Faites ce que je dis, pas ce que je fais » . Il est temps de passer à « Vous voyez que c’est possible ! »
Nous sommes ceux qui commencent.
À compter de ce jour, je suis résistant climatique, pour la vie et pour la paix.